feminisme_Nathalie-Harran

22 Juin 2008

La campagne présidentielle de José Bové n'a pas été épargnée par la misogynie qui traverse tous les mouvements politiques et toute la société Française, la pensée réactionnaire des masculinites s'est rependue en toute quiétude, le mot féminisme fut insidieusement une insulte : c'est le fameux Backlash dont parle Susan Faludi.

Dans cette campagne dite féministe a donc fleuri l'antiféminisme primaire et la pensée misogyne fut banalisée par le mépris des faits. A quelques rares exceptions près ce fut une grande mascarade qui renvoya les luttes féministes à des années en arrière. Bien sûr il y eut de grandes déclarations de principes, mais en coulisse ce fut ce que Christine Delphy a identifié en 2006 de façon percutante, une reconduction douce de la domination.

La présence des femmes fut difficilement autre chose qu'une caution androcentrique, dans la campagne Bové comme partout ailleurs. Le féminisme est resté une fois de plus absent de l'enjeu politique, alors que dans beaucoup d'associations militantes féministes,trans-pédé-gouines, anti-racistes, dans de nombreux ouvrages sociaux, philosophiques, études, débats, articles, livres, arts, poèsie, cela fait déjà des années que les idées féministes ouvrent de nouvelles perspectives politiques concrètes et stimulantes dans le monde (cf. Monique Wittig, La pensée straight). Manifestement une écrasante majorité n'ont jamais voulu en entendre parler, préférant croire hypocritement au mythe de l'égalité déjà là exonérant de toutes remises en questions. Les femmes ont toujours été considérées comme des individues de seconde zone hier comme aujourd'hui dans les faits.

En france, le monde n'est représenté qu'à travers l'imposture grammaticale de ce masculin universel figure de narcisse. Nous luttons contre les injustices mais nous oublions systématiquement les luttes féministes. Nous luttons pour les droits des sans papiers et ignorons la situation particulière des femmes sans papiers doublement fragilisées : 98 % des propriétaires des moyens de production dans le monde sont des hommes, 70% de la production est assurée par des femmes (**). Nous nous révoltons contre les massacres de civils, mais nous n'avons jamais un seul mot pour ces viols en masse, violence caractérisée faite aux femmes partout dans le monde que ce soit en temps de paix ou de guerre.

Et comme toujours à chaque mouvement qui se veut révolutionnaire, les femmes ou les personnes identifiées comme telle, se retrouvent à leurs place dévolue : secrétaires au service de ces grands hommes, elles peuplent les bureaux, confectionnent les sandwichs, apportent la bière bien fraîche, passent l'aspirateur pour la bonne cause, et au nom de l'intérêt général servent d'auditoires à leurs discours bavards. Ils ont la parole, la monopolise, mais ne parlent jamais de la fragilité du droit à l'avortement sans cesse remis en question par ces mêmes réactionnaires qu'ils prétendent combattre. Un droit à l'avortement que nos aînées ont arraché par d'âpres combats, une révolution majeur et décisive dans l'histoire de l'humanité, mais un acquis très fragile. C'est pourtant un outil indispensable aux femmes pour prendre le contrôle de leur corps et s'émanciper de la domination patriarcale.

Cette grande histoire passée et actuelle des résistances et des révoltes des femmes dans le monde contient la puissance d'analyse et d'actions nécessaire pour lutter contre toutes les formes de dominations, et c'est à la lumière de ses savoirs féministes que nous sortirons enfin de la préhistoire politique.