Debout ! :
Une histoire du mouvement des femmes 1970-1980
Un documentaire de Carole Roussopoulos
Part 01
Part 02
Part 03
Part 04
Part 05
"Document présentant un volet de lhistoire du mouvement féministe en France et en Suisse des années 70 à 80 à travers les témoignages dune vingtaine de femmes suisses et françaises ayant participé à la naissance de ce mouvement. Elles en retracent lhistoire, les luttes, les acquis et les soubresauts." 1999 suisse/france extrait du film de Carole Roussopoulos "Les origines du mouvement de liberation des femmes." Image: Ned Burgess, Camille Cottagnoud,
Sébastien Moret Son, couleur, Collection Centre pour l'image contemporaine, St Gervais Genève (Suisse) -------------------------------------------------------------------- «Ce qui compte pour moi, cest la parole des autres, celle que lon nentend jamais.» Carole Roussopoulos naît en Suisse, à Lausanne, le 25 mai 1945. Sion, dans le Valais, est son lieu de lenfance. Après une scolarité classique, elle débute ses études universitaires de Lettres en Suisse, quelle poursuivra à Paris. Cest là quelle rencontre Paul Roussopoulos, réfugié politique grec, physicien, peintre, son compagnon de vie, dactivisme et de vidéo, père de ses 2 enfants. Elle travaille pour le magazine Vogue et accessoirement Jeune Afrique. En 1970, elle quitte le journalisme et sachète, sur les conseils de Jean Genet, la première caméra vidéo portable le fameux portapack de Sony. Elle saisit immédiatement toutes les possibilités de la machine et exploite ses possibilités, sa légèreté, sa mobilité son coût faible par rapport au support cinéma. Elle commence à filmer, puis à monter les images. Le travail de montage est acrobatique au début, mais Paul invente une façon de monter artisanale, avec scotch et ciseaux et un calcul de synchronisation, méthode qui fera école dans le milieu de la vidéo militante. Le tournage avec cette caméra ne nécessitant pas une équipe nombreuse, souvent Paul tient le micro et Carole la caméra. Avec Paul, elle monte en 1970 un petit groupe vidéo à Paris nommé Video Out La même année, elle réalise Jean Genet parle d'Angela Davis et un film dans les camps palestiniens Hussein, le Néron dAman (la copie a depuis disparu). Elle filme, dans la traditionnelle manifestation du 1er mai 1970, le premier défilé dhomosexuels à Paris et suit le Front Homosexuel dAction Révolutionnaire dans ses réunions historiques à lUniversité de Vincennes, au département de philosophie. Elle laisse tourner sa caméra et capture les échanges et les débats sans couper. Elle concilie lart découter et de voir avec une rare clairvoyance. Dun coup dil, elle saisit lassistance, les réactions de ceux qui écoutent. Son sens de la caméra, de la bonne place, de la bonne distance, assure la pertinence de son propos au montage. Elle met ses connaissances à portée des militantes féministes en organisant des ateliers, des stages de vidéo attirant de nombreuses femmes, notamment Delphine Seyrig quelle rencontre à cette occasion et avec qui elle entame une longue collaboration. Elles réalisent ensemble en 1976 un petit pamphlet remarquable S.C.U.M. Manifesto. Carole Roussopoulos suit les luttes des femmes et les filme. Son travail sert damplificateur aux luttes des prostituées de Lyon, des ouvriers des usines Lip, aux combats pour lavortement et la contraception libre et gratuite. Loin de chercher à sintégrer aux groupes ou à sidentifier aux personnes quelle filme, elle tente dappréhender au plus juste, une situation, une parole. Ainsi elle met en images les luttes internationales, les luttes des exclus, le quart-monde, les clochards, les luttes au quotidien (à lhôpital, en foyer de retraite), la lutte des mères des détenus basques, et toutes les luttes des femmes (avortement, viol, contraception, violences, égalité professionnelle ) En 1982, elle fonde avec Delphine Seyrig et Iona Wieder, le Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir premier centre darchives audiovisuelles consacré à lhistoire et à la mémoire des femmes. Écoutant sans pour autant jamais commenter, la réalisatrice na de cesse de remettre en cause les idées préconçues des spectateurs sur des sujets polémiques ou le plus souvent ignorées par les médias grand public. En quelques minutes sur une situation difficile ou conflictuelle, elle prend quelques repères rapides, capte une pensée, un discours, une façon de parler, de regarder, de travailler, de déambuler. Il sagit dune véritable exploration et non dune démonstration formatée aussi bien dans la prise de vue que dans le montage. Fidèle en amitié et en travail, elle collabore en toute complicité avec des cadreurs, des preneurs de son, donnant en général peu dindications verbales. Pendant le tournage, elle sait faire reprendre une phrase, changer une lumière, déplacer une personne, questionner plus avant ceux quelle filme. Il ny a rien dautomatique, Carole Roussopoulos reste très attentive et présente toujours à lécoute de la personne filmée. Tant avec les prostituées de Lyon quavec les Lip ou les femmes victimes de violence, elle mène un vrai travail découte sur la durée. Elle tourne de longs entretiens, tout en restant mobile et prête à filmer si un évènement intervient. En collaboration avec des groupes ou des associations, elle aborde les questions dont les féministes se sont saisies: lavortement, la contraception, le viol, linceste. Les films circulent, deviennent des supports de débats et des outils de formation. Elle travaille aussi bien pour et/ou avec des groupes militants, des associations, des fondations, des ministères Ses premiers films inscrivent son uvre, qui compte aujourdhui plus de 50 films, dans son rapport au monde. La parole des autres est primordiale. Le combat pour les droits fondamentaux est légitime. Lêtre humain est au premier plan. Dans les années 80, elle sintéresse à la place des femmes dans le monde du travail, aux métiers et aux statuts professionnels non reconnus (Profession agricultrice, Profession conchylicultrice) et à légalité professionnelle dans le monde agricole comme dans lindustrie nucléaire. De 1987 à 1994, elle gère et anime lEntrepôt, lieu comprenant trois salles de cinéma, une libraire et un restaurant. Elle apprend alors le métier de programmatrice de films et de gérante de restaurant. Dans les années 90, elle entreprend un vaste travail sur la maladie, la mort, la douleur, laccompagnement des personnes en fin de vie, tant du côté des malades que des soignants. En 1995, elle reprend pied en Suisse et décide de tourner des sujets peu abordés dans on pays dorigine: les violences contre les femmes et les enfants, lhomosexualité. Elle travaille parallèlement à la restauration de ses premières vidéos. En voyant séteindre autour delles des femmes ayant lutté pour les droits de femmes et en constatant léparpillement et la dégradation des archives audiovisuelles sur le mouvement féministe, Carole Roussopoulos se lance dans un grand projet de film sur le mouvement de libération des femmes qui donnera en 2000, le film Debout ! Une histoire du Mouvement de Libération des Femmes (1970-1980). Le film connaît un grand succès dans les festivals, fait lobjet de très nombreuses projections dans le monde et donne lieu à une presse abondante et élogieuse. En 1992 Carole Roussopoulos est nommée Chevalière des Arts et des Lettres et Chevalière de la Légion dHonneur en 2001 consacrant «ses 32 ans d'activités artistiques de réalisatrice de films». En 2003, elle a toujours de nombreux projets en tête dont la seconde partie du film Debout, une histoire du mouvement des femmes. Nicole Fernandez Ferrer |